Anne Versailles

Rapport bourse d'accompagnement

Trois mois de marche, en famille, à travers les Alpes, de l’Adriatique à la Méditerranée. On n’en revient pas indemne. J’en suis revenue avec 11.000 fichiers photo, des sons, des images vidéo, des aquarelles, nos carnets de note et l’envie de témoigner de cette expérience. L’envie aussi d’investir une écriture différente de celle que j’avais jusqu’alors utilisée, plus inventive, plus poétique, plus intuitive et subjective : l’émotion avant l’intellect. Je me suis formée au montage vidéo et lancée dans la réalisation de POM, Petites Œuvres Multimédia.

Après avoir réalisé quelques unes de ces POM, je ressentais le besoin d’être aidée au niveau technique (je travaille en effet avec des fichiers de formats très différents) et pour mieux orienter le projet par rapport à un public à adresser.

La bourse d’accompagnement Smart m’a permis d’être accompagnée tout au long de l’année 2012 par Philippe Sellier, producteur au sein de Triangle7, une petite société de production audiovisuelle (www.triangle7.com). J’avais des rendez-vous réguliers avec lui, pour lui montrer là où j’en étais, pour discuter de l’avancement du projet, pour m’aider à cadrer cet avancement, pour répondre à certaines questions techniques aussi.

Me laissant toute latitude sur le plan artistique, Philippe m’a apporté son regard professionnel, orienté vers l’adresse au public : comment construire une histoire, comment garder le spectateur dans le film, comment garantir une cohérence entre la forme et le message, …

Mon projet de départ était de réaliser un florilège d’une dizaine de POM inspirées par ce voyage, parler de la marche, de l’allègement qu’elle procure, de l’extraordinaire qui devient quotidien. Suite à l’accompagnement reçu dans le cadre de cette bourse, le projet s’est peu à peu développé vers, non seulement la réalisation de ces POM, mais aussi leur articulation pour former un film qui existe en deux versions : une version d’une vingtaine de minutes et une deuxième, un peu plus narrative, (presque terminée) d’une quarantaine de minutes. C’est un film qui se situe entre le film expérimental, le vidéo-poème et le récit de voyage.

Echanger avec Philippe Sellier m’a aussi permis de mieux cerner moi-même les contours que je voulais donner au contenu de mon film (sans pour autant d’ailleurs satisfaire pleinement Philippe car il a encore plein de questions auxquelles j’ai choisi de ne pas répondre dans ce cadre-ci ; il m’a ainsi aidée à assumer ma subjectivité !).

Auprès de Triangle7, j’ai également pu trouver réponses à mes casse-tête techniques nés du fait que j’utilise et mêle dans ce projet des média et des fichiers aux caractéristiques très différentes. Leur studio son m’a également été très utile pour les enregistrements de voix off.

Durant cette année, j’ai également eu l’occasion, grâce à cette bourse Smart, de participer à un workshop d’initiation au web-documentaire (organisé par l’asbl Ikono, en collaboration avec le Studio Hans Lucas de Paris). J’y ai trouvé des réponses et des outils pour poursuivre le développement modulaire de mon projet plus global autour de la marche.

Cette année a par ailleurs été ponctuée d’événements qui m’ont permis de valoriser ce travail en cours :

- j’ai participé à des expositions collectives (à la Gare de Watermael et au Maria Clara Art Point) où étaient exposées quelques POM

- j’ai été invitée au Festival Grand Bivouac à Albertville en octobre 2012 où le film en version 26 minutes a été projeté dans une séance portant sur la marche

- j’expose très prochainement (21 mars – 5 mai 2013) aux écuries de la Vénerie (Boitsfort) dans le cadre d’une exposition personnelle intitulée : Bootstrap, les lacets

Il me faut encore rapidement finaliser la version plus longue du film et travailler à sa diffusion en le proposant à des Centres Culturels, des Festivals, des salles alternatives, des cinéclubs, etc. Je viens par ailleurs de recevoir une petite bourse de voyage de l’organisation Via Alpina (www.via-alpina.org) pour mon projet de l’été 2013 : marcher à travers les Alpes francophones, avec le film et un matériel de projection nomade dans le sac à dos ; marcher le jour, s’arrêter en fin d’après-midi dans un village (ou un refuge), rameuter, projeter le film en soirée, ouvrir l’échange et la discussion avec les spectateurs, filmer ces échanges et réaliser un autre film, sorte de mise en abîme du premier !

Un grand merci à l’équipe SmartBe, à Philippe Sellier et à toute sont équipe de Triangle7 chez qui j’ai toujours été très bien accueillie.