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Modifiée le : 13/09/2010

Le Fuse: légende Techno à Bruxelles?

Quand on parle des légendes, on doit faire attention aux mots. Or depuis 1994, le Fuse club a été successivement un pionnier (en 94), une révolution (en 95), un gros succès (toute la suite des 90's), une star qui se cherche (2000), puis depuis 2002 c'est clairement devenu l'encyclopédie confirmée de la Techno moderne pour ce coin ci de l'Europe.

Un ancien cinéma populaire des années 40, transformé en Meson espagnole dans les années 70, puis récupéré pour des soirées aléatoires jusqu'en 1993, date à laquelle s'y installent les soirées Gays de La Démence. L'organisateur de ces soirées prévient un de ses amis de l'existence de cette salle à Bruxelles... et c'est Peter Decuypere qui va créer le Fuse en avril 94, un club dédié à la Techno plus raffinée qui nous arrivait des Etats-Unis et de Grande Bretagne... en opposition totale avec la Techno très dure et commerciale qui se développait à ce moment là en Belgique et Hollande.

Le Fuse, c'est, en 94 comme aujourd'hui, chaque samedi un rendez-vous avec les grands enfants sonores de Kraftwerk. Les fous de Techno ... pas la violente, l'émotionnelle. Et ce n'est pas un club gigantesque... ne vous imaginez pas un megaclub comme le Gatecrasher ou le Space d'Ibiza. La grande salle fait 800 personnes en serrant fort, sans compter le premier étage à 300 ou 400 personnes. En revanche, sa réputation est mondiale parce que le Fuse est l'un des trois ou quatre clubs majeurs en Techno ... avec le The End de Londres, et le Tresor qui vient de fermer à Berlin.

Mais c'est aussi l'histoire d'une évolution musicale. Au départ c'était le creuset de la Techno Wave inspirée par Detroit et des personnages comme Carl Craig, Derrick May, Kenny Larkin, Stacey Pullen... mais aussi Jeff Mills, B12, Black Dog, Laurent Garnier ou Aphex Twin. Les nuits alternaient des éditions très mélancolique, qu'on appellait Intelligent-Techno ou Techno-Wave, et des éditions très énergiques et volontaires... qui ont attiré les foules dès le mois d'octobre 94. Depuis, le Fuse n'a plus perdu ni son public ni son influence mondiale. Un peu plus tard, vers 98 vint le règne de Mark Broom, de Luke Slater ou d'Electric Indigo, et Dave clarke bien entendu. Puis plus récemment ce fut l'apogée de Monika Kruse, Christian Smith, Deetron, Anthony Rother, etc... toujours à la proue du bateau Techno, toujours à l'affût de la fête.

Mais qui pourrait oublier en 96 ce concert presque privé de The Orb où la magie transportait le public sur la planète Ambient... où soudain le Fuse était la boîte underground mondiale, berceau des nouvelles cultures? Ou ce concert de µ-Ziq de son vrai nom Mike Paradinas, presque statique derrière son ordinateur pendant que des merveilles jaillissaient des amplificateurs et hypnotisaient le public. Ou Carl Craig dont les machines venaient de tomber en panne en plein concert, prenant le micro et chantant Purple Rain... et vraiment bien en plus. Ou Aphex Twin, hilare, jouant le son de l'aiguille sur le tissu de la platine... "scroutch scroutch!!", et le public qui criait au génie. Ou Sven Väth qui refuse d'arrêter de mixer tellement il s'amuse, et qui va continuer dans une after ailleurs. Ou Björk qui ne voulait faire son concert intimiste que là. Et surtout, tous les musiciens et deejays peu ou pas encore connus auquel le Fuse a su faire confiance avant tout le monde. On y retrouvait Joost de Lyser et Quinten aux platines en 94, puis très vite le deejay résident fondamental du Fuse moderne: Pierre, auquel se sont ralliés deux légendes des nuits techno belges: Deg (venu du collectif BWP) et T-Quest (des soirées Kozzmozz à Gand).

Nicolas Deckmyn pour www.brusselslife.be 2005


Auteur : Nicolas Deckmyn - Date : 2005