Thomas Corbisier
Enghien, Belgique
Agglomérat cellulosique
« Rien n’est permanent sauf le changement. » - Héraclide Réflexion sur l’impermanence L’impermanence regroupe les différents phénomènes qui engendrent la modification d’un état vers un autre. L’impermanence est donc un mouvement, un mouvement créateur puisqu’il résulte dans le changement d’un état premier vers un état nouveau. Qui dit mouvement, dit également déplacement. Si l’on prend l’exemple d’un mur qui s’effrite. On peut imaginer que dans sa détérioration une partie de ce qui compose le mur se retrouve sur le sol et forme un tas de poussière, poussière que l’on peut également nommer de façon plus générale « matière ». Il est envisageable que cette matière puisse être balayée et jetée dans un sac poubelle. Que ce sac poubelle sera chargé dans un camion poubelle, où il se fera déchiqueté. De cette plaie la matière qui composait au départ notre mur se retrouvera au fond du camion et par la suite sera déversé dans une décharge. On peut voir dans cet exemple que ce qui est en mouvement c’est la matière. La matière est donc l’élément qui se déplace au travers de l’impermanence. Toute forme de vie étant faite de matière, on peut imaginer que la matière qui la compose est également en mouvement au travers de la perte et de la régénération des cellules. On peut en déduire que la Vie fait intégralement partie de ce mouvement créateur qu’est l’impermanence, qu’elle en est même un véhicule, qui permet à la matière de se déplacer. La vie serait un moyen, l’homme serait un outil parmi d’autres qui permet le flux constant de la matière sur l’ensemble du globe. Ce « véhicule » qu’est l’homme n’est pas dissociable de l’impermanence et en même temps il semble vouloir aller à l’encontre de cette réalité et tendre vers une vie immuable. D’où naît un paradoxe. Ce paradoxe, chez l’homme, se révèle de l’opposition entre les réalités internes, découlant des « outils » dont est composé le corps humain, et de la réalité externe qu’est l’impermanence. Cette opposition crée des besoins et de ces besoins naissent des sentiments, des croyances, des comportements qui engendrent la souffrance et de l’incompréhension. Le début du vrai bonheur vient donc de l’acceptation et de la compréhension de ce paradoxe et de notre capacité à remettre en cause la réalité que l’on croit percevoir. Fiche technique La détérioration, le recyclage, la transformation, sont des étapes récurrentes dans ma création plastique qui mettent l’accent sur l’impermanence. Je travail à partir de papiers glanés que je recycle en cellulose de papier. J’utilise cette matière comme support et comme médium pour mettre en avant ces mouvements de création en m’inspirant du mécanisme qu’est l’impermanence. J'y incorpore des pigments, des matières, prends des empreintes, crée des textures. J’y intègre des dessins et des collages, fait apparaitre des silhouettes, comme la présence d’une mémoire, d’une trace qui se mélange à un tout. Mémoire individuelle et mémoire collective. Perte et réutilisation, continuité et fin.