Rapport - Workshop 2014 Summer Writing Program Jack Kerouac School of Disembodied Poetics, Boulder, Colorado

Modifiée le : 27/10/2014

Grace à SmartBe j'assistais en 2014 au programme d'été auprès le Jack Kerouac School à Boulder, Etats-Unis. "Les workshops auxquels j’ai assisté à Boulder, Colorado, étaient tout simplement fantastiques. Il est toujours périlleux d’évaluer de tels workshops à l’avance – c’est pourquoi j’ai essayé, autant que possible, de mette mes attentes de côté… ce qui n’était aucunement nécessaire. Les participants et les membres étaient à l’image de ces workshops : d’un calibre particulièrement haut." Ci-joint le rapport complèt en Français.

Rapport: ‘Summer Writing Program’ aan Naropa University – Jack Kerouac School of Disembodied Poetics’ Thema: Welcome to the Anthropocene!

Les workshops auxquels j’ai assisté à Boulder, Colorado, étaient tout simplement fantastiques. Il est toujours périlleux d’évaluer de tels workshops à l’avance – c’est pourquoi j’ai essayé, autant que possible, de mette mes attentes de côté… ce qui n’était aucunement nécessaire. Les participants et les membres étaient à l’image de ces workshops : d’un calibre particulièrement haut.

L’école

Au travers des nombreuses conversations que j’ai eues avec les étudiants et les participants, j’en ai su plus que ce que l’histoire de l’université aurait pu m’apprendre. L’Université de Naropa a été fondée, il y a plus de 40 ans, par un moine bouddhiste du Tibet. Allen Ginsberg était arrivé au même endroit, un peu plus tôt et par hasard, pour organiser un département de littérature. Dans le sillage d’Allen Ginsberg allaient aussi arriver d’autres poètes de la génération Beat : Kerouac, Burroughs, Amiri Baraka et Anne Waldman. Cette dernière dirige encore aujourd’hui, à sa manière, cette école Kerouac. Elle anime elle-même des workshops et récite des poèmes de façon enthousiaste malgré son âge avancé. Au cours de ces longues journées, autour ou dans l’institut, certains chantaient, invoquaient les esprits, scandaient, entraient en transe. On n’évitera pas l’expérience. Que penseriez-vous d’une lecture de Burroughs par une nuit de pleine lune, dans une ruelle de Boulder ? Un impromptu avec Thurston Moore à la guitare et le poète Clark Coolidge à la batterie (jazz) ?

Trois semaines, trois programmes

Semaine 1: Brain Body Breath : Perception in Ekphrastic Poetics.

L’écrivain Michele Naka Pierce et l’artiste Sue Hammond West essaient des exercices d’écriture, mais aussi de se focaliser sur certains mécanismes inconscients, comme la respiration ou la perception des autres. Nous lisons Gertrude Stein et Shlovsky et tentons la technique dite du « cut-up », très utilisée par les membres du la génération beatnik, qui consiste à découper des textes existants et à créer quelque chose de neuf à partir de ce découpage. « To make the familiar strange », disent-elles. C’est l’écrivain Gysin qui s’est demandé pourquoi l’écriture est en retard de 50 ans par rapport aux arts visuels où ces types de procédés ont fréquemment été utilisés bien plus tôt.

Michelle Naka Pierce : http://en.wikipedia.org/wiki/Michelle_Naka_Pierce

Sue Hammond West : http://naropa.edu/faculty/sue-west.php

Semaine 2 : The Burroughs Zone

Clark Coolidge, poète beat dès l’origine dans les années 60, a plus de 40 livres à son actif. Il a notamment joué dans le groupe David Meltzer Serpent Power, comme batteur de jazz. À présent il joue en duo avec Thurston Moore, de Sonic Youth. Durant les sessions de la Burroughs Zone, Coolidge nous laissait écouter des extraits de la voix râpeuse et usée de W. Burroughs, nous en lisait différents travaux, puis se consacrait à ses relations personnelles avec lui : les moments forts, les « dinner parties », les apéros et la drogue. Coolidge se remémore, pendant un instant, un verre de cognac partagé avec Burroughs, qui lui demandait « Do you believe in UFO ? », ce à quoi Burroughs répondait : « Bien sûr, que pensez-vous qu’est le christianisme ? ». Les « leçons » de cette deuxième semaine étaient moins interactives, mais c’était un réel plaisir d’écouter un monument évoquer un autre monument. Thurston Moore a également trouvé le temps d’être présent : mon camarade de classe d’une semaine !

http://en.wikipedia.org/wiki/Clark_Coolidge

Semaine 3 : Artist recording artists.

Durant la troisième semaine, nous étions plongés dans un studio, en compagnie du musicien-compositeur Ambrose Bye. Là, nous avons lu, nous avons joué, enregistré des sound scapes combinés à un mot écrit, parlé, marmonné, hurlé. Le petit groupe de participants pouvaient ensuite donner libre cours à leur imagination avec le piano, la guitare, la basse et la batterie présents dans ce studio de haute qualité. Les résultats furent étonnants. Les explosions les moins préméditées, les plus spontanées semblaient mieux, à plus d’une reprise, que les moments planifiés.

Objectif atteint ?

L’objectif implicite de ma participation aux ateliers était triple :

Améliorer mes techniques d’écriture, mon langage, mon vocabulaire,

M’inspirer pour mon prochain bouquin,

Nouer des contacts avec le monde de l’édition anglophone.

Je suis plus que satisfait par rapport aux deux premiers objectifs. Concernant la technique d’écriture, il n’agissait pas de grammaire ou de structures historiques, mais bien des processus mentaux durant l’acte d’écriture même. La philosophie de l’école se réclame explicitement de l’écriture dite somatique. Cela consiste à mettre l’aspect cérébral, conscient à l’arrière-plan pour mettre en avant ce qui est sous-jacent : l’inconscient, les rapports cachés, l’instinct, l’intuition. Les écrivains occidentaux y verraient surtout des fautes – cela a valu également pour moi. Mais j’ai pris le temps d’interroger, d’écouter (autant l’intérieur que l’extérieur) et, finalement, j’ai mieux écrit. Tant durant les ateliers qu’à l’extérieur, j’ai pu utiliser une autre forme de savoir, mais l’intégration de ces innombrables impressions, techniques et notions est toujours en cours.

Inspiration :

Mon séjour à Boulder et, par après, les mois qui ont suivi en autostop au Colorado, au Nouveau-Mexique et au Mexique, m’ont également fourni de l’inspiration pour une production que je termine actuellement. To be continued…

Contacts :

Aucune perspective concrète ne s’est présentée durant les ateliers. J’ai par contre noué beaucoup de lien avec des écrivains, ainsi qu’avec des étudiants et d’autres participants. L’expérience montre qu’à moyen ou long terme pourraient surgir d’intéressantes collaborations.

Conseil

Je recommanderais sans hésitation cette école à d’autres écrivains, tant de prose que de poésie, dans n’importe quel genre. Par ailleurs Boulder est une ville très agréable et saine. Au pied des Rocheuses, il est possible de faire de petites avancées dans la réflexion sur le monde ou, plutôt, au-dessus du monde, dans ce cas. Le cursus vaut son prix, et j’envisage d’y retourner, lorsque mes moyens me le permettront. Cela n’aurait en tout cas pas été possible cette année sans le soutien de SMart. Je conclus donc avec un grand MERCI à Smart, et à tous ceux qui ont rendu possible ce voyage !


Auteur : Tom Kenis - Date : 27 oktober 2014